Le Mouvement vu d’IRAN 

En hiver 2018, lorsque le projet d’organisation d’une exposition franco-iranienne autour de l’œuvre d’Étienne-Jules MAREY (1830-1904) fut proposé par Thierry POZZO, professeur à l’université de Bourgogne, l’auteur, Shabahang KOWSAR, n’avait jamais croisé de chronophotographie iranienne. Le défi fut donc lancé et les recherches commencées pour recenser les disciples iraniens de Marey et de son contemporain, Eadweard James MUYBRIDGE (1830-1904).

Au démarrage, et comme l’un des seuls exemples de la décomposition du mouvement, Mohammad SATTARI, professeur à l’université de Téhéran, nous a présenté la série de photos de Moẓaffar od-Dīn Mirzā (1852-1907) tirant son arc (423 , 404 , 441), réalisée par Ebrāhim Akkās-bāshi (ca. 1874-1919). Ensuite, des discussions avec Alireza GHASSEMKHAN, ex-directeur général du musée du cinéma, et la consultation des écrits de Shahryar ADLE (1944-2015), historien de l’art, ont davantage éclairé notre chemin. 

Quant au lieu d’exposition, Leila ZANDI de la Maison de la Photo de Téhéran, nous a guidés vers le palais du Golestan. Nafiseh-Sadat ABDOLBAGHAEE, chercheuse au palais, nous a introduits à son directeur, Masoud NOSRATI, à qui, nous avons présenté notre projet. Impressionné par l’histoire iranienne de la représentation du mouvement, et notamment par l’exemple de la coupe animée de de Shahr-e Soukhteh, ce dernier nous a bien accueillis et mis en relation avec ses confrères du musée du cinéma et du centre de recherche sur le patrimoine culturel. Ainsi, pendant le printemps et l’été 2018, et parallèlement aux démarches administratives, Shabahang KOWSAR et Saman SAREMI ont exploré les fonds numérisés du département de la photographie du palais du Golestan, dirigé par Helen ASSADIAN, dans l’espoir d’y trouver des traces de chronophotographie iranienne. Hormis deux cas exceptionnels chez Ebrāhim Akkās-bāshi et Ali-Khān Vāli (ca. 1845/1846-1902) (294-6-2 , 294-6-1 , 294-6-3), tous les deux revenus d’Europe, et apparemment dépourvus de fusil photographique ou de boitier chronophotographique, aucune autre tentative de décomposition du mouvement ne fut remarquée. En revanche, fut relevée une multitude de photos proposant le mouvement, autant par les moyens techniques, que par la reproduction d’œuvres plastiques, telles que statues et reliefs suggérant le mouvement. Des taureaux ailés de la Porte de toutes les nations à Persépolis, jusqu’aux reliefs du roi qajar Fatḥ ʿAlī Shāh (1771-1834) (163-72 , 190-7), en passant par son modèle Voir
sassanide à Tāq-e-Bostān  (171-18 , 171-62), tout l’empire Perse ​​semblait en mouvement. Dès lors, la partie iranienne du projet prit une nouvelle tournure pour explorer davantage l’approche persane de la représentation du mouvement, en parallèle de l’approche  occidentale. Les photos publiées sur le site de l’exposition vont donc mettre en lumière les formes spécifiques de représentation du mouvement dans la société perse (683-29 , 894-57 , 894-54) depuis les époques les plus lointaines  (335-2 , 335-21 , 335-16) ; dans la vie de ces immigrés du plateau iranien qui ont opté pour le nomadisme (169-17 , 169-18) et apprivoisé de la même façon la nature ; ceux qui, pour défendre leur territoire, ont pratiqué l’équitation (401-44 , 401-45 , 148-20), le tir à l’arc et la lutte (894-53 , 357-38), et traversé le pays pour vaincre les ennemies Voir

Reste à préciser que la nature virtuelle de notre exposition, et en conséquence, la restriction du nombre de photos mises en ligne, est due à l’arrêt provisoire du projet à cause des changements de direction dans les organismes concernés, et enfin à la reprise du projet lors de la pandémie de Covid 19. Nous tenons à remercier l’ambassade de France à Téhéran, ainsi que la nouvelle directrice du palais du Golestan, Afarin EMAMI, et toutes les personnes qui nous ont soutenus dans ce projet, parmi lesquelles Christian DARLOT, Ahang KOWSAR, Sina YEYLAGHBEIGI, Mohadeseh ZEINALI, Sara BAHADORI, Habibeh KHATAMI, Mahshid ESMAEILPOUR, Farzaneh ESHRAGHI, Roya ATASHTAR, Mohammad BEHESHTI, Ahmad MOHIT-TABATABAEI, Niki (Azartaj) DAVAEI, Maryam KAMYAR, Azadeh HAKAMI, Farnaz KHATIBI, Mohammadreza TAHMASBPOUR, Mehdi DEHGHANIZADEH, Mansoureh AZADVARI, Shideh MOSTOFI, Sara KHODAKARAMI, Sara HEIDARI, Elmira ABEDI, Tahereh MOLLA-MOHAMMADI, Kaveh MOEINPOUR, Alireza ABBASI, Annick LOUIS, Paul EDWARDS, Messieurs MOHSENI et ROSHAN.    

Shabahang KOWSAR
Le 6 mai 2021

Mirza Ebrāhim Akkās-bāshi est le premier photographe iranien à avoir étudié de manièr​e consciente, la forme séquentielle en photographie. A travers ses photographies, le mouvement est bien ressenti.

Mohammad SATTARI
Historien de la photo-Enseignant

La série de photos de Moẓaffar od-Dīn Mirzā met ainsi en perspective les efforts du photographe et de son modèle, pour créer une image animée, bien avant l’arrivée du cinéma en Iran.

Alireza GHASSEMKHAN
Chercheur-Cinéaste 

Inv. 423

Inv. 404    16.9 * 12.2 cm

Inv. 441    16.9 * 12.1 cm

Ebrāhim Akkās-bāshi (ca. 1874-1919)
Moẓaffar od-Dīn Mirzā (1852-1907) tirant son arc , Séquence de trois photographies noir et blanc sur verre, Probablement avant 1896
Palais du Golestan, Téhéran, 423, 404, 441
[Détails communiqués par Mohammad SATTARI et Alireza GHASSEMKHAN]

Probablement inspirée de la statue équestre de Wilhelm I (1797-1888) à Cologne , Nāṣer al-Dīn Shāh (1831-1896) est ici sculpté par Ali-Akbar HAJJAR. Malgré la réalisation de l’œuvre vers 1888, c’est-à-dire lorsque le roi est à l’approche de la soixantaine, ce dernier est représenté jeune et dynamique et ce, contrairement à ses statues plus anciennes dépourvues de mouvement.

Mehdi DEHGHANIZADEH
Sculpteur-Chercheur en histoire de l’art

Manoutchehr (18??- ????)
La statue de sa majesté le roi des rois de toutes les contrés protégés de l’Iran, Sultan Nāṣer al-Dīn Shāh (1831-1896), béni soit son esprit, fabriquée à l’armurerie de la capitale [Téhéran], ca. 1888-1889
Palais du Golestan, Téhéran, 401-44  
Manoutchehr (18??- ????)
C’est un autre épisode [une autre vue] de la photo de la statue [de Nāṣer al-Dīn Shāh (1831-1896)], ca. 1888-1889
Palais du Golestan, Téhéran, 401-45 

Inv. 401-45

Inv. 401-44

Commissariat/Conception
  • Thierry Pozzo, Professeur à l’Université de Bourgogne
  • Shabahang Kowsar, Enseignante-Chercheuse, Iran
Avec le généreux soutien de 
  •  L’Ambassade de France en Iran
  • L’Université de Bourgogne à Dijon
  • Le laboratoire CAPS INSERM U1093 à Dijon
Partenariats et crédits photographiques
  • Le Collège de France
  • La Ville de Beaune
  • Le Palais du Golestan à Téhéran