Chronophotographie et Photographie en Iran
EJ Marey et
l’Iran
Marey a conçu plusieurs appareils d’analyse qui fondent ce qu’il définira comme la Méthode graphique. Méthode selon laquelle au moyen des appareils enregistreurs il est possible d’inscrire sur du papier au moyen d’un stylet, les traces des mouvements (et de leurs variations) sur une échelle de temps. Le sphygmographe voit le jour.
De nombreux appareils suivront : Le pneumographe pour relever les mouvements respiratoires ; le myographe pour étudier les muscles, inventé par Hermann von Helmholtz que Marey améliore et perfectionne ; l’odographe pour l’étude de la marche ; le polygraphe pour étudier la respiration, enregistrer les battements du cœur ou du pouls. Il comporte une capsule, dite « tambour de Marey », petite plaque d’ivoire que l’on appuie sur la partie du corps à examiner. La pression d’air contenu à l’intérieur varie et s’en va par un tube en caoutchouc jusqu’au stylet inscripteur ; le cardiographe…
L’invention de la méthode graphique et la possibilité de conserver une trace du phénomène passé (sa mémoire) transforme les observations subjectives en quantifications objectives.
En 1868, Marey élargit son champ d’investigations à la locomotion humaine et animale ; il veut la mesurer et la représenter dans le temps et l’espace. Il s’intéresse en tout premier au vol de l’insecte puis au vol de l’oiseau. Il établit en particulier que la position de leurs ailes n’est pas déterminée uniquement par leur activité musculaire, elle est conditionnée par la résistance de l’air. D’autres applications en découleront comme par exemple l’inscription des mouvements phonétiques, en acoustique puis avec Victor Tatin il fera voler un oiseau mécanique. Marey publie ses résultats dans la Machine animale (1873).
L’ouvrage fait grand bruit, particulièrement l’étude sur le galop du cheval qui affirme que l’animal à l’allure du galop, reste un court instant suspendu en l’air -aucun de ses membres ne touchant le sol- pour retomber sur une seule jambe. Un riche américain, Leland Stanford décide de confier au photographe anglais Eadweard Muybridge (1830-1904) le défi de réaliser des instantanés afin de vérifier la théorie du savant français.
Muybridge obtiendra en 1878 une série de clichés réalisés au moyen de 12 appareils photographiques disposés le long de la piste et déclenchés par le passage du cheval. Ces images créeront une surprise internationale mais Marey qui partage l’admiration de ses contemporains demeure perplexe car il déplore l’utilisation de différents appareils étalés sur une grande longueur qui ne prennent point les images dans le même référentiel et donc impossible à quantifier.
En 1889, il est le premier à réaliser des films grâce à son chronophotographe à pellicule. En 1899, il utilise du film 35 mm pour la nouvelle version de son fusil chronophotographique, l’équivalent d’une caméra portative et, en 1900, il invente une soufflerie produisant des écoulements aérodynamiques qu’il capture grâce à son appareil chronophotographique.
Dès que la technique photographique fut disponible, personnages ou objets purent apparaitre simultanément sous différents angles. Avant cela, un observateur humain devait se déplacer mentalement autour de l’objet ou du personnage pour en avoir une représentation globale tridimensionnelle. La photographie a donc permis de changer le point vue tout en restant immobile.
A partir des clichés inédits du monde animal Marey sculptera les postures successives du corps et des ailes que l’oiseau adopte au cours du vol avec l’idée que ce type de représentation favorisera la conception et la réalisation d’objets volants.
Marey veut comprendre la nature en la décomposant et en la posant devant nous. Pour transformer les qualités observées en quantités objectives mesurables, Marey dépouille graduellement ses sujets pour les rendre universels: les acteurs facilement identifiables initialement par les codes vestimentaires disparaissent ensuite sous une combinaison noire sur laquelle on trace des lignes blanches.
La méthode utilisée par EJ Marey est de partir du complexe pour aller vers le simple dont on peut alors donner une explication intelligible, d’abord en géométrisant puis en chiffrant.